samedi 15 décembre 2012

Texte - Frontière




Je suis là étendue sur mon canapé. A côté de moi mon ordinateur sur lequel tourne un documentaire sur les rois de France.
Je ne respire plus. Je suis morte, seule.
J’ai 22 ans. Je suis jeune et pourtant je ne suis déjà plus depuis quelques heures.
Normalement je devrais vous dire que même si je suis morte jeune j’ai bien vécu, j’ai profité de la vie et au moins je suis morte heureuse. Mais non, je ne le dirais pas.

Je n’ai rien accompli. J’ai tenté des études, que j’ai lamentablement loupées sous prétexte de manque d’argent et d’incapacité à trouver ma voie. J’ai un boulot, que je déteste plus que tout. J’ai un appart que je paye trop cher et qui est dans un quartier pourri. Mon compte en banque est vide, j’ai même des dettes.

Je ne voudrais pas m’avancer mais je crois que je n’ai absolument rien réussit, ni rien fait.


Deux jours. Ça fait deux jours que je suis morte.

Personne ne s’en est rendu compte. J’ai bien le boulot qui a appelé mais c’est tout.
J’ai aussi eux quelques sms d’amis s’inquiétant de ne plus me voir sur Twitter.
En même temps ils seraient bien incapable de débarquer chez moi pour venir me voir quasiment personne ne sait où j’habite.

Je suis une mauvaise amie. Je suis la fille qui peut très bien ne pas donner de nouvelles pendant une semaine ou deux et puis revenir dans ta vie et vouloir te voir plusieurs fois dans la semaine, comme une fleur.
J’ai toujours été comme ça. Même avec ma meilleure amie, celle qui me supporte depuis mes 3 ans. Je suis capable de ne pas lui donner de nouvelles pendant 1 mois et de lui envoyer plusieurs sms par jour subitement.

Ça m’apprendra à me protéger de tout le monde et même des gens que j’aime.


Et maintenant sept.

Un voisin est venu frapper à ma porte. Vu l’état de mon corps et les mouches j’imagine que l’odeur ne doit pas être exquise. Avec un peu de chance ils finiront par faire quelque chose.
C’est quand même dommage que mes voisins viennent frapper chez moi pour la première fois pour cette raison.

Ma mère a essayé de m’appeler. Je l’ai eu au téléphone 2 jours avant de mourir. Elle commence à s’inquiéter. Mais bon elle aussi est habituée à mon manque de nouvelles. Elle s’inquiètera réellement d’ici trois peut-être quatre jours.

Je pense que je pourrais postuler à la ferme aux cadavres moi qui cherchais un travail.

Et enfin dix.

Ma porte vole en éclat, comme dans les films.
 En fait non ma porte ne vole pas en éclat, un serrurier est là, ouvrant la serrure sans réels efforts. Derrière lui deux policiers et la concierge. L’odeur provoque un haut-le-cœur à tout le monde. La concierge reste sur le pas de la porte. Ils entrent.

Je savais que j’aurais dû ranger avant de me coucher. Je n’ai même pas détendu le linge ni fais ma vaisselle. Mes fringues de la journée trainent sur le sol devant le canapé. Deux poubelles sont dans l’entrée attendant désespérément que je les sorte.

Il semblerait que même ma mort je n’ai pas pu la réussir.


La frontière entre la réalité et l’imagination est aussi fine que celle entre la vie et la mort.
Il suffit d’un rien pour basculer.

4 commentaires:

  1. Et après tu dis que tu ne sais pas écrire ?
    Moi des articles comme ça j'en voudrais en lire tout les jours. ( Je parle bien sûr du style d'écriture et non du sujet )

    Même si on sait tout les deux que ce genre de sentiment, on arrive plus facilement à l'écrire que celui de la joie... La joie c'est pas assez intéressant, on consomme la joie parce qu'elle nous fait du bien. Alors que là, on a envie de donner ce sentiment à tout le monde parce qu'on en veut pas. Et vu que le sujet en lui-même n'est pas vendeur pour un sous, on y met de belles formes pour que ça soit accrocheur.

    Et ça tu y réussis très bien ! J'ai hâte de lire les autres articles qui viendront ! Continue comme ça mais ne franchit jamais la frontière. C'est trop important ! Et puis faut qu'on fasse des photos l'oublie pas haha !



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