mercredi 29 juillet 2015

Texte - Avec M. - Première partie

Ton livre. C'est la première chose que j'ai remarqué chez toi. Tu lis ce livre qui m'a tellement marqué, qui m'a fait pleurer, qui m'a fait sourire.
Ensuite ta barbe de 3 jours. Faussement négligée, je suis certaine que tu vas chez le barbier régulièrement.
Et tes yeux verts, concentrés sur ton livre.
Tu es tellement concentré que tu n'a même pas levé la tête quand je suis entrée dans ce café.
Tu as presque terminé, je n'ose pas t'aborder et je t'observe de loin.

Tu refermes ton livre, regardes ta montre, lèves la tête et regarde l'entrée en fronçant les sourcils.
Tu me penses en retard.
Je ne bouge pourtant pas et te laisses balayer le café des yeux, qui s'arrêtent sur moi quelques tables plus loin et s'illuminent.

Mon cœur s’accélère quand tu te lèves pour me rejoindre. Je n'ai encore jamais entendu ta voix et pourtant tu me déstabilises. Tu me déposes un baiser sur la joue. Ce seul contact fait frissonner tout mon corps. Tu t'en rends compte et t'assoies face à moi avec un sourire.

Des mois que nous discutons par écrans interposés, et là, face à toi, ma belle assurance se volatilise. Te connaissant je sais que tu es dans le même état.
Cette rencontre, nous l'attendions. Nous n'osions pas nous rencontrer, de peur de ce qui pourrait arriver.

Je porte un tailleur, je sais que c'est ce qui te plait. Tu as d'ailleurs mis une chemise juste pour moi. Je le remarque et ne peux m'empêcher de sourire.

"Ça fait longtemps que tu es arrivée ?"
"Quelques minutes seulement."
"Tu as commandé quelque chose ?"
"Non, pas encore..."

Nous savons tout les deux ce que cette réponse va entraîner. Rien ne nous retiens dans ce lieu. Tu te lèves et me tends la main.

"On y va, alors ...?"

Je sais que je devrais refuser. Tu sais que tu n'aurais pas du me le proposer.
Pourtant je me lève, je prends ta main et te laisse prendre les commandes.
Pendant que nous marchons, l'un contre l'autre, ta main serrant toujours la mienne, j'ai l'impression d'être ailleurs.

Et c'est sans le réaliser que je franchis le seuil de ta porte.